confinarazlepompon J 45

Je profite du confinement pour recueillir les souvenirs de ma maman, et en cette période où les masques sont sous les feux des projecteurs, (je viens à l'instant de recevoir les masques offerts par le maire de Dunkerque) voici une "anecdote masquée":

Maman fréquentait l'école qui est devenue de nos jours l'école Ste Thérèse à Dunkerque. A la déclaration de guerre la ville a équipé les enfants de masques à gaz, et avec l'institutrice toute la classe est allée quelquepart quai des hollandais essayer et chercher des masques.

Donc on lui a fait essayer un masque, quelqu'un lui a ajusté les sangles pour qu'il soit bien étanche, et là, Maman a cru qu'elle allait mourir asphyxiée ! elle voulait retirer le masque pour respirer mais les adultes ne voulaient pas la laisser faire car il fallait apprendre à garder le masque un certain temps ... et en fait ils se sont rendu compte qu'il y avait un "truc à dévisser" en bas du masque et qu'on ne lui avait pas dévissé donc effectivement elle manquait d'air !

Par la suite très régulièrement on leur a fait faire des exercices de simulation d'alerte : chaque élève devait alors prendre son manteau, s'habiller, prendre son masque à gaz et une petite "mallette de survie" dans laquelle se trouvaient des biscuits, du chocolat et une petite bouteille d'eau, et descendre en principe dans le calme dans les grandes caves voutées où des bancs étaient installés. 

ça devait être une sacrée épreuve pour la pauvre institutrice car déjà la descente dans le calme du 1er étage au sous sol se passait dans un joyeux chahut ... et ça continuait dans la cave où les petites filles s'amusaient beaucoup jusqu'à ce que l'institutrice se fâche et fasse asseoir tout le monde sur les bancs dans le silence ... et comme on peut l'imaginer, à la fin de la simulation d'alerte au retour dans la classe chaque petite fille rendait sa boîte de survie ... vide ! le chocolat, les biscuits et l'eau avaient agréablement agrémenté l'exercice ! 

Mais un jour il y eut une véritable alerte pendant les heures d'école et il a fallu "pour de vrai" descendre à la cave et là, c'était beaucoup moins joyeux, les enfants étaient terrifiées et beaucoup pleuraient ! ... 

Et puis un jour, alors que Maman avait un cartable tout neuf dont elle était très fière, elle se souvient avoir rangé avec soin un soir toutes ses affaires dedans avant de quitter l'école ... et il y eut des bombardements dans la nuit et l'école fut détruite ... elle regrette aujourd'hui encore d'avoir laissé son beau cartable à l'école ce soir là...  

on se lamente sur notre sort de confinés, mais il y a 80 ans nos aînés vivaient des moments beaucoup plus graves et plus angoissants ... 

Nous au moins on peut profiter du printemps :

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Comments

[FACILADIR]

Quand on sait ce qui a été vécu par certains ... mais je comprends bien qu'au sud et selon les milieux il y en a du même âge qui n'ont pas trop souffert dans les années 40 ...pour preuve j'ai lu dans la presse locale qu'une dame de Nice n'arrête pas de se plaindre auprès de ses descendants alors qu'elle est très gâtée ... rien n'est jamais assez bien pour elle... Ton jardin est superbe en ce printemps. Ici des iris se couchent face au mistral !

[Béa kimcat]

Merci d'être passée Prunelle/Colette

Bon 1er mai.

Bisous

[Mamie Cruik]

Cette période est très propice pour évoquer et se libérer de tous ces souvenirs.

Le gros problème de ce virus est qu'il est invisible certaines personnes l'ont bien compris mais pour d'autres il faut sans cesse le répéter pour un respect des règles..

Bisous jurassiens.

[Kimcat]

Merci pour ce beau récit...

Il faut relativiser la gravité de ce que nous vivons en ce moment.

Biz

[dunkda]

Ca fera peut être relativiser certains râleurs...de voir que ce n'est vraiment qu'un mauvais moment à passer, et que ç'est beaucoup moins grave qu'à l'époque de la VRAIE guerre.